La mercuriale des prix en matière immobiliere au cameroun

Une analyse de l’architecture juridique sur la question au Cameroun permet de constater que l’un des obstacles à tout le moins sur le plan de l’initiative privé, à un logement décent réside dans le coût d’acquisition d’un terrain au Cameroun. Une lecture croisée des différents textes sur la propriété foncière et ses modes d’acquisition permet de constater que cette dernière est fonction d’une conditionnalité fiscale à accomplir, la base de cette condition fiscale étant le prix d’acquisition du terrain.
En effet toute personne désireuse d’avoir un logement au Cameroun doit préalablement disposer d’un terrain. La propriété de ce terrain est matérialisée par l’obtention d’un titre foncier qui selon l’article premier du décret N° 76-165 du 27 Avril 1976 fixant les conditions d’obtention du titre foncier « est la certification officielle de la propriété immobilière ».

L’acquisition d’un terrain est donc le point de départ à tout projet de logement. Cette acquisition elle aussi est encadrée par des mesures légales au rang desquelles figure en bonne place le PRIX D’ACQUISITION. En dépit du libéralisme qui caractérise le contrat, le gouvernent Camerounais dans une logique fiscale a toujours fixé une grille des prix devant sous-tendre l’enregistrement des actes de vente en matière immobilière par les services des impôts. Cette grille de prix est communément appelée MERCURIALE DES PRIX. L’article 19 du titre 4 intitulé de la fiscalité foncière de l’ordonnance N° 74 -1 du 6 juillet 1974 fixant le régime foncier dispose « les opérations foncière donnant lieu à perception de droit sont les suivantes :

On peut constater à la lecture de cet article notamment en son dernier paragraphe qu’il revient à la loi des finances qui a une durée de vie annuelle de définir la base des droits c’est-à-dire la mercuriale des prix devant servir de base à la satisfaction de la conditionnalité fiscale en matière immobilière.

Pourtant une descente sur le terrain notamment dans les cabinets des notaires, les services des impôts et partant les municipalités urbaines nous a révélé que le cadre normatif de ces opérations n’a pas toujours répondu aux caractéristiques qu’on connait à la loi c’est-à-dire ses caractères général, universel et impersonnel.
Par décret N° 2006/3023/PM du 29 décembre 2006 fixant les modalités d’évaluation administrative des immeubles en matière fiscale, le gouvernement Camerounais jetait les bases d’une règlementation officielle de la base des calculs des droits fiscaux en matière immobilière.

De la lecture de ce texte, il ressort que cette base de calcul est fonction de la classe des quartiers par types de villes, les types de quartiers par zone suivant le niveau des infrastructures et services urbains , les coefficients de pondération des valeurs d’immeubles non bâtis et la grille des valeurs de façades par zone.

Selon l’article 5 A de ce texte, les classes de quartiers par types de villes vont de la classe 1 à la classe 10, la classe 1 étant les quartiers très chics de Douala et Yaoundé et la classe 10 les zones rurales habitées.

Les quartiers quant à eux dit l’article 5 B sont classés en Zone 1 jusqu’à 5, la zone 1 étant les quartiers ou blocs totalement occupés, bénéficiant à la fois des quatre réseaux d’infrastructures et de services urbains suivants : voies bitumées, adduction d’eau, électricité et téléphone, la zone 5 étant des quartiers ou des blocs ne bénéficiant d’aucun des quatre réseaux d’infrastructures et de services sus visés.
Selon le paragraphe C de cet article les prix oscillent donc entre 300 000 Francs le mètre carré pour la Zone 1 et 5 000 F CFA pour la Zone 5. Pourtant il nous semble qu’il s’agit des prix surréalistes si l’on tient compte du pouvoir d’achat des camerounais notamment pour ce qui est des zones 1 à 3. Ceci est d’autant plus vrai que ces prix ne reflètent pas la valeur des prix observé sur le marché. L’on a fort de ces prix, observé courant début décennie 2010, une tendance contestataire des Notaires qui voyaient en cela un obstacle à leur gagne-pain quotidien. A cela il faut coupler le constat des services des impôts de voir l’incapacité des Camerounais à sacrifier à leurs devoirs fiscaux en matière immobilière, la base de calculs étant très élevée.
Face à cette situation, le gouvernement Camerounais par la signature d’un décret de 2014/1881/PM du 04 Juillet 2014 fixant les modalités d’évaluation administrative des immeubles en matière fiscale a pour le dire ainsi « marqué le pas sur place » en ceci qu’il n’a fondamentalement pas changé sa politique de la définition de la mercuriale, base de calculs des droits fiscaux en matière immobilière.
Il est évident que le principe reste le même. La mercuriale est fonction de niveau de développement de chaque ville, de chaque quartier de chaque zone. Les éléments d’appréciation de ce développement sont les voies bitumées ou non, l’accessibilité à l’eau, l’électricité et le téléphone. A cela désormais il faut ajouter l’activité économique et sociale du secteur concerné.

Il est donc aisé de comprendre que les prix peuvent évoluer avec le temps en fonction de l’existence ou pas des facteurs d’appréciation ci-dessus cités.

Le décret de 2014 à notre sens constitue une mauvaise solution face à un problème réel. Il aurait peut-être été indiqué d’associer les acteurs intervenants dans le processus d’acquisition d’un terrain dans le cadre d’une étude environnementale avec pour but ultime de définir une mercuriale qui non seulement répond au pouvoir d’achat des consommateurs camerounais, mais surtout une mercuriale qui réponde aux réalités locales et surtout moderne.
L’on en veut pour exemple l’accès au téléphone qui constitue l’un des critères d’évaluation de la mercuriale des prix en matière immobilière. Ainsi selon que cette facilité communicationnelle existe ou pas, la mercuriale peut être plus ou moins élevée. Toujours en est-il qu’avec les facilités liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, la téléphonie mobile a révolutionné le secteur de la communication et on se demande bien pourquoi est-ce que cela peut constituer un critère d’appréciation qui plus est, varie selon que l’on soit en zone urbain ou non.
Il nous semble que la recherche des critères objectifs serait de nature à assainir davantage le secteur immobilier. Ces critères objectifs viendront certainement remettre en cause la pratique de plus en plus reconnue et qui consiste à faire des applications subjectives de ces prix.

L’on a espoir que les mouvements insufflés Courant 2016 viendront définitivement solutionner ce problème et partant les problèmes liés à la mercuriale. En effet, en mars 2016, il s’est tenu dans les villes de Yaoundé et de Douala un conclave autour de la question. Les intervenants étaient constitués des services des impôts, de l’ordre des notaires, des services du cadastre et des services des communautés urbaines. L’une des mesures forte de ce conclave au-delà de la définition des prix qui selon les notaires reflètent approximativement les pratiqués sur le terrain, consiste en l’implémentation de la TELE DECLARATION. Sous une plate-forme il est désormais possible de consulter les prix appliqués par les impôts en matière immobilières. Cette mesure présente l’avantage de faire une application objective des résolutions qui ont été prise.
Il y a cependant lieu de déplorer le fait que depuis que ces résolutions ont été prises, elles présentent encore de nos jours la forme d’un projet de loi sur la mercuriale. Il y a également lieu de décrier le fait que cela ne concerne que les départements du MFOUNDI et du WOURI.
Vivement qu’elles se présentent sous la forme d’une loi avec ses caractères général, impersonnel et universel. Pour cela il suffit juste que le législateur face son travail;